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A lire : MANHATTAN FOLK STORY

Auteurs : Dave Van Ronk et Elijah Wald
Éditeur : Robert Laffont

Il a laissé son nom à une rue de Manhattan ; il a appris l’essentiel de la guitare et du chant à Joni Mitchell ; il a enregistré une trentaine d’albums entre 1958 et 2002 ; il était le gourou des musiciens folk et des poètes beatnik de Greenwich Village durant son âge d’or et vous ne le connaissez pas. Dave Van Ronk aura incarné, durant plusieurs décennies, le folk américain le plus exigeant aux yeux des meilleurs artistes de sa génération, à commencer par Bob Dylan, qui prit ses leçons avec lui et lui "emprunta" la version la plus célèbre de "The House of the Rising Sun". Ce livre est un événement : écrit par un musicien aussi modeste que grande gueule, il est le récit du New York folk des années 60. A l’opposé de l’autobiographie trafiquée d’une vedette aigrie, il retrace avec malice et franc-parler le parcours d’un amoureux du jazz passant par le blues avant de devenir le virtuose d’une musique par essence collective (entre "folks", on propose une phrase et une mélodie que chacun répète et modifie). Dès l’adolescence, Van Ronk adopte l’atmosphère de vie de bohème qui règne à Greenwich, quartier où se réfugient alors intellectuels, artistes, activistes divers et gauchistes. Il s’initie à la marijuana, vit de bric et de broc, sonne chez les voisins pour récupérer des oeufs et du lait, hante la scène du Gaslight Café et rencontre les légendes folk qu’il contribuera amplement à façonner. Sur le ton direct qui le caractérise, il révèle les débuts chaotiques de Bob Dylan, Joni Mitchell, Tom Paxton, Gary Davis, Joan Baez, Brownie McGhee, Peter, Paul and Mary et tant d’autres. Ami généreux ou insupportable, anarchiste ne croyant qu’en la musique, guitariste à la voix "noire", il sacrifie la gloire personnelle au bénéfice de sa petite communauté, se fait contamment piller et ne s’en plaint jamais ; même quand il reste dans l’ornière, sans un sou, à dépendre de contrats mesquins. Loser ? Peut-être. Mais Van Ronk fait surtout figure d’incorruptible, le sourire moqueur aux lèvres, et au-delà de ce qu’il a offert au monde musical, sa personnalité mérite d’être connue dans un monde où le sens de la gratuité artistique a disparu.