Le vieux réveil de voyage sonne à 7 heures. Nick Cave est dans de beaux draps : c’est le matin de son 20 000ème jour sur terre, et il va en faire un film, le film de sa vie, qu’il a coécrit et dont il est le narrateur.
Ce qu’on pouvait attendre d’un docu classique sur un musicien (un récit chronologique à base d’images d’archives) est compressé dans l’énergique générique. Après, c’est autre chose… Un film conçu comme une journée dans la vie d’un homme, avec des moments de travail, des déplacements dans l’espace, des repas, des rencontres, des rêves, et le souvenir des 19 999 jours qui ont précédé.
Nick Cave a beau fêter ses 30 ans de carrière discographique avec les Bad Seeds, la musique n’est pas au coeur de ce film, parcouru par une énergie assez rare, où chaque plan semble justifié. La création est le vrai sujet. On voit Nick Cave pendant la gestation, puis la fabrication de l’album Push The Sky Away. D’abord seul au piano seul avec ses carnets d’écriture, puis au boulot avec Warren Ellis, puis avec les Bad Seeds, pendant l’enregistrement avec une chorale d’enfants français, puis sur scène, dans deux séquences
rares et très intenses. Ce film est diablement bien réalisé, il ne ressemble à rien de connu dans le film musical (ni fiction, ni biopic hagiographique). Plutôt comme un nouveau chapitre dans l’oeuvre de Nick Cave, et pas des moindres.