Plaisir de l’oreille à déguster cette musique de l’ouest du fleuve Niger portée par un couple non voyant et terriblement attachant. C’est avec les titres « Je pense à toi » et « Mon amour, ma chérie » que le duo connait sa récente notoriété internationale. Mais ne nous y trompons pas, Amadou et Mariam se sont donné la main dès 1973, et trimballent, depuis, leur blues de chambre jubilatoire gravé récemment sur leur premier vrai album « Sou Ni Tilé » à la beauté hallucinante. Après moult cassettes artisanales, l’essai discographique (transformé) rend crédible n’importe quel miracle, balaie toutes les mesquineries, remet du jus dans les viscères les plus déssechés car il s’agit, bel et bien, d’un grand disque de blues. Un blues tout en pudeur et abandon où s’entrelacent ces voix aimantes, ces mélodies qui vous mangent l’oreille, ces textes naïfs mais galvanisants (« La vie est un combat alors nous sommes les combattants »), cette guitare rêche comme le Sahel (« lorgnant à l’envie sur Hooker John Lee ») mais fluide comme une chute d’eau, ces apparitions de trompettes cubaines, de rythmes reggae, de tablas indiens, de violons, de flûtes et d’harmonicas, cette ivresse d’enchantement dont mon mange-CD n’est toujours pas revenu. On peut rire, c’est vrai, de la nunucherie des déclarations d’Amadou pour sa moitié aveugle, mais trouver aussi et surtout l’apaisement d’une pensée aussi fraîche que sincère, aussi poétique que tendre. Moment rare donc.
Aïko laisse Kamal chanter en comorien des mots tous proches de « tolérance ». L’esprit est africain, la rythmique reggae-funk et l’ambiance parfois zouk. Avec « Soma » (le savoir), sorti en janvier 1999, Aïko conclut magistralement trois années d’échanges et de mélanges (pas seulement musicaux).

Amadou et Mariam

Blues afro

Aïko

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