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Jamaica, Jamaica !

Auteurs : Sébastien Carayol et Thomas Vendryes

Éditeur : La Découverte

Du 4 avril au 20 août 2017, la Philarmonie de Paris propose une exposition consacrée à la musique jamaïcaine, depuis ses origines mélodiques et chorales jusqu’aux basses entêtantes des dancefloors. Faisant une large part aux inventions techniques avec lesquelles ces musiques se sont constituées et réunissant une grande collection de documents rares (images, films, objets, etc.), la présentation se démarque surtout par son approche à la fois historique et sociale de l’île. Ce livre constitue le catalogue de l’exposition et suit une chronologie croisée de la Jamaïque à travers son histoire, sa politique et sa musique. Au début des années 50, les rares postes de radio captent les ondes prodigues en jazz et rhythm’n’blues du voisin américain. L’arrivée des vinyles et du matériel adéquat pour les diffuser à une audience confinée permet l’éclosion des sound systems, où l’on se presse pour danser sur les derniers tubes importés. Ce n’est qu’au début des années 60 qu’émerge le nouveau son, local, qu’attendaient les danseurs insatiables et le label Studio One tout juste créé. Principalement instrumental et idéalement syncopé, le ska enchante la première moitié des années 60 avant de faire place au rocksteady, plus lent et chanté. Faisant les beaux jours des groupes vocaux et autres crooners, ce nouveau genre musical préfigure le reggae, plus politique que ses prédécesseurs et intimement lié au mouvement rastafari, dont la popularité s’étendra bien au-delà de la Caraïbe. Don Drummond, Duke Reid, Sugar Minott, The Wailers, Lee « Scratch » Perry, King Tubby, Vybz Kartel et quelques autres sont autant de jalons pour comprendre cette histoire musicale complexe qui prend aussi ses sources dans une spiritualité et une urbanité spécifiques. Hailé Sélassié et Marcus Garvey, figures tutélaires du panafricanisme et du mouvement rastafari fréquemment honorés par les paroliers, font évidemment l’objet de chapitres dédiés. Kingston, véritable cluster de production musicale est également mise en lumière. De même que tout ce qui fait le propre de cette culture jamaïcaine, son argot, son rapport à l’oralité, ses codes vestimentaires ou encore son iconographie. Richement illustré, ce catalogue rend compte des multiples facettes de cette histoire relue au prisme des conflits post-coloniaux et des rencontres qui ont fait naître cette musique unique et universelle.