The Bewitched Hands
Rock
Si le groupe avait été anglais ou américain, s’il résidait à Brighton ou bien à Portland, il aurait déjà fait la « Une » de Mojo, puis la « couv’ » de Uncut et enfin celle de Rolling Stone, sur le motif du « Renouveau de le Pop symphonique en mode punk, pastoral et psychédélique » pour finir par un dix pages dans le New Yorker sur le pourquoi du comment un groupe si « normal » peut accoucher d’une musique aussi extatique… Mais les « Bewitched » sont français (de Reims pour être précis et pour ceux qui l’ignorent encore), et c’est tant mieux. Car leur musique est de celle qui abolit les frontières, de celle qui vous ferait penser que Phil Spector est sorti de prison avec une permission spéciale afin de les aider à terminer la production de leur disque. Malheureusement pour Spector, Julien Delfaud n’a eu besoin de personne pour y parvenir, tant il a su ici magnifier la richesse intraitable des chansons. Car c’est aussi l’une des clefs fascinantes de ce disque :
Si chacun de ses morceaux vous laisse sur le carreau c’est pour que le suivant remette ça de plus belle et qu’au final, le disque dans son intégralité vous lamine de part en part. Si bien qu’à la fin vous n’êtes plus bon qu’à être ramassé à la petite cuillère, évidé comme après une (longue) nuit d’amour… Et comme les Bewitched sont six (ils évoluent d’ailleurs à la manière d’un vrai collectif où tout le monde écrit, chante, joue, où les ego sont partagés avec inspiration et délicatesse), on parlera d’une partouse des sens, d’une marée émotionnelle dont le ressac n’a cesse de caresser votre sensibilité en appuyant uniquement là où ça fait du bien. Magie opérationnelle puisque après chaque écoute d’un album qui, comme tous les diamants noirs ne se donnent qu’à ceux qui ont sincèrement envie d’être bousculés, on en redemande. Et chaque fois nous sommes pris au piège de l’inextricable dépendance qui s’installe comme avec une drogue parfaite, sauf qu’ il n’y a pas de downs qui tuent, il n’y a que des highs qui vous explosent la tête.